Il n'y a pas de mauvais genre, juste de mauvais créateurs.
Il y a des textes de rap très bien ciselés, qui s'accordent de manière quasi parfaite avec le beat, et qui valent plusieurs vieilles chansons françaises.
Celà dit, on se souvient de brel, mais je ne sais pas si on se souviendra autant et aussi longtemps de booba. Parce qu'à mon humble avis, il connaît ce que beaucoup d'artistes rap connaissent, à savoir une difficulté immense à maintenir la qualité initiale, et je ne parle même pas de progresser.
"Garde la pêche" est une daube, qui ne fixe pas l'attention, la musique n'est pas extraordinaire, les paroles sont banales, bref, c'est très loin des chansons qui l'ont fait remarquer comme "le crime paie" ou "si tu kiffes pas"
Sinon sur le parallèle rap/chanson française, je me rappelle que j'avais été frappé, moi qui adore les vieilles chansons de bal musette, par la similitude des messages de certaines chansons.
Exemple "C'est un mauvais garçon", chanté par Henri Garat
Nous les paumés
Nous ne sommes pas aimés
Des grands bourgeois
Qui nagent dans la joie
Il faut avoir
Pour être à leur goût
Un grand faux col
Et un chapeau mou
Ça n'fait pas chique une casquette
Ça donne un genre malhonnête
Et c'est pourquoi
Quand un bourgeois nous voit
Il dit en nous montrant du doigt
{Refrain:}
C'est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C'est un méchant p'tit gars
Qui fait du dégas
Si tôt qu'y s'explique
Ça joue du poing
D'la tête et du chausson
Un mauvais garçon
Toutes les belles dames
Pleines de perles et de diam's
En nous croisant ont des airs méprisants
Oui mais demain
Peut-être ce soir
Dans nos musettes
Elles viendront nous voir
Elles guincheront comme des filles
En s'enroulant dans nos quilles
Et nous lirons dans leurs yeux chavirés
L'aveux qu'elles n'osent murmurer
{Refrain:}
C'est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C'est un méchant p'tit gars
Qui fait du dégas
Si tôt qu'y s'explique
Mais y a pas mieux
Pour t'donner l'grand frisson
Qu'un mauvais garçon
La ressemblance est frappante: la casquette comme marqueur vestimentaire d'un groupe auquel on se sent appartenir, et qu'on sait en butte à la peur et au mépris de groupes mieux insérés, avec la revanche sexuelle exaltant une virilité brandie en étendard.
Conclusion: on n'a rien inventé, et en chanson comme ailleurs, rien de nouveau sous le soleil.