BON.
Hier, on a eu la réunion 0 du projet d’installation agricole sur la commune. Comme toute réunion publique, elle a commencé très tôt, vers 10h.
On était un peu plus d’une trentaine : deux élus (le maire du bled, l’adjoint au maire d’Albi), des bailleurs sociaux, des distributeurs (intermarché, biocoop), le service d’urbanisme de la communauté d’agglo, des experts des coopératives, l’association Arbre et Paysage (ce sont nos eux qui suivent notre dossier), la fondation Bureau Vallée avec la fille du propriétaire historique, le directeur du lycée agricole du coin et j’en oublie quelques uns.
Et nous, au milieu de ce merdier, présenté comme les premiers porteurs de projets : le maire c’est servi de notre histoire pour argumenter de la cohérence générale de son idée. La pression est montée toute seule d’environs vingt-huit crans. La « matinée » a servi à discuter de l’idée globale du maire, ce qui a été l’occasion d’une foire aux expressions nettes et précises : Il a fallu constituer des « groupes de travail » qui vont devoir plancher d’ici Novembre pour mettre en place une « gestion projet » et bien sur un « retroplanning », etc etc. Je me moque bien sur mais ça restait bon enfant.
Le repas de midi à pris 2h30, comme je m’y attendais.
L’après-midi a été beaucoup plus thématique et sérieuse puisqu’on a eu droit à notre premiere « réunion de travail » avec l’association, le lycée agricole et le maire à base de « bon maintenant expliquez nous ce que vous voulez faire ».
Sauf que, évidemment, nous pour l’instant on ne veut « rien faire », on est venu savoir et comprendre avant de prendre une décision. Et c’est là une partie du problème. Dans la tête du maire, on s’installait « dès qu’on arrive », dans la tête d’Arbre et Paysage, on avait déjà travaillé le projet et on savait quelle surface il nous faut, la localisation géographique, les moyens de productions, etc. Il a donc fallu tempérer tout ça parce que la direction que prenait la discussion en me plaisait pas du tout.
Les deux heures et demi d’échanges qui ont suivis ont été parfois pénibles, surtout quand on est venu sur les problèmes de rémunération et de temps de travail. Quand on nous a demandé nos besoins, j’ai pris sur moi de faire réagir un peu tout le monde en disant « un smic, 35h » pour ma compagne et moi. J’aimerai que tout le monde note l’énorme ambition de cette demande, c’est important.
Certains ont eu du mal à l’avaler, avec des réflexions du type « mais vous savez que le travail de maraichers est dur, hein ? » et autres trucs bien condescendant à base de « non mais moi 35h je n’ai jamais eu ça je ne sais pas ce que c’est ».
Du coup, il a fallu remettre les pendules à l’heure et leur expliquer un truc que je pensais être évident : si l’idée c’est de bosser comme un bagnard entre 45h et 60h (parce que le mec en chemise qui n’a « jamais connu les 35h », il n’a aussi probablement jamais connu 60h dans un champ) par mois pour moins qu’un smic, je préfère trouver un emploi salarié « normal ». Et ce sera le cas d’à peu près tous les candidats à l’installation. Bref, le sujet c’était de mettre en avant l’attractivité du travail de maraicher.
On a du coup beaucoup dérivé, notamment avec le représentant du lycée agricole qui tenait mordicus à représenter ce travail comme quelque chose de dur, moralement et physiquement et peu rentable. Je ne conteste pas le fait que ça soit le cas. Par contre, si le projet c’est d’installer des maraichers, il va falloir quand même penser à leur proposer un avenir un poil moins nul que celui d’esclave.
Les choses auraient pu en rester là mais la gonzesse de Bureau Vallée (c’est la fondation qui va donner du pognon, en gros) en a eu un peu marre et a fini par sortir un bon gros « non mais faut arrêter là, on fait venir ces jeunes avec un pitch de rêve, on passe deux heures à les enfoncer et ils vont repartir avec des idées moins claires qu’en arrivant, ce n’est pas possible ».
L’effet a été dissuasif et on a pu construire à partir de ça : Il nous faut, d’ici la fin de la semaine, envoyer à tout ce beau monde un « planning » sur les 3 prochaines années sur notre « projet de vie ». On sort donc du cadre purement professionnel pour coller de manière la plus précise et la plus fidèle possible à nos besoins à nous. On verra ensuite si techniquement, le reste peu suivre ou pas, si Arbre et paysage nous propose un financement ou pas, une formation ou pas, etc.
Bon c’est confus et 2h30 de discussions c’est long. Et malgré quelques points particuliers, les choses sont tout de même très positives.
On en sort avec deux grosses convictions :
- On a toujours envie d’aller là-bas, parce que c’est cohérent avec nos aspirations personnelles : on a besoin de changer de coin, ma compagne pourra se former au lycée agricole et on va avoir des facilités énormes pour s’installer puisque on devrait nous proposer un logement et du travail dans pas trop longtemps.
- Il est clair qu’il est hors de question qu’on se lance dans une installation agricole EN PLUS de tout ce que je viens de dire. Donc on va décaler dans le planning cette installation au moins jusqu’en juillet 2022, à la fin de la formation de Niarkette. Es-ce que cette décision plaira à tout le monde et rentrera dans tous les cadres ? Aucune idée.