Oui.
Je sais pas trop quoi te dire, surtout parce que c'est très court et très mauvais, quand même.
Déjà, il y a le problème du terme de "néolibéralisme" et de son utilité réelle pour comprendre ce qu'il se passe. En utilisant ce terme, il me semble que l'on tente de produire une cassure entre un le "bon" libéralisme du passé, ses méthodes éprouvées et sures et une forme "nouvelle" à partir de 1970-1980 au USA (et ensuite dans ton cul). En fait, c'est de l'enfumage. On retrouve dans l'un comme dans l'autre les fondements intellectuels de la pensée libérale politique et philosophique dont la croyance dans la technique et le progrès est la pierre angulaire.
Sur l'opposition Obama/néolibéraux que l'on pourrait étendre à celle libéraux/conservateur propre au USA : ça me semble être plus fabriqué qu'autre chose. Il suffit de regarder qui sont les donateurs du parti démocrates, comment est composé le staff de l'administration Obama pour se rendre compte que l'"UMPS", c'est pas que chez nous.
Plus largement, des tas d'auteurs ont analysés ça , comme Thomas Franck par exemple pour l'Amérique avec son "Pourquoi les pauvres votent à droite ?" Michéa en parle aussi dans ses bouquins. Pour lui, la pensée libérale est une sorte de ruban de Möbius et les différences entre les deux camps (libéraux pro moeurs contre conservateur pro économie, pour faire court) s'expliquent très bien historiquement si on introduit le concept d'opportunisme électoral. En clair, les libéraux de chaque tendances veulent se faire élire plutôt que le collège d'en face. Pour se faire, il va promettre, selon sa position à un instant t sur l’échiquier politique, plus de sécurité (pour attirer le pauvre) ou une ouverture des mœurs (pour attirer la classe moyenne). Dans TOUS les cas, les propositions faites s’inscrivent elles dans un cadre politique général qui est celui de la société libérale moderne.
En fait, pour éviter la critique (facile) du à la simplification que je viens de faire, il faudrait des pages et des pages de définition rigoureuses, d'exceptions régionales ou nationales et de notes en bas de pages plus longues que ma bite. Difficile à faire ici, impossible en dix minutes à la radio.
Sur l'analyse de la crise du capitalisme et des inégalités : Guetta ne prend aucun risque. Allez, il a surement du lire Piketty (Le Karl Marx libéral de la décennie) et, d'un coup d'un seul, comprend que ce sont les inégalités le problème qui menace l'édifice. En 2015. Vaut mieux pas lui expliquer que, tout ça, on le sait depuis Marx, au moins. Mais, beaucoup plus proche de Guetta, par exemple Castoriadis :
"Qu’est-ce qui est requis ? Compte tenu de la crise écologique, de l’extrême inégalité de la répartition des richesses entre pays riches et pays pauvres, de la quasi impossibilité du système de continuer sa course présente, ce qui est requis est une nouvelle création imaginaire d’une importance sans pareille dans le passé, une création qui mettrait au centre de la vie humaine d’autres significations que l’expansion de la production et de la consommation, qui poserait des objectifs de vie différents pouvant être reconnus par les êtres humains comme valant la peine. Cela exigerait évidemment une réorganisation des institutions sociales, des rapports de travail, des rapports économiques, politiques et culturels. Or cette orientation est extrêmement loin de ce que pensent, et peut-être de ce que désirent les humains aujourd’hui."
Les carrefours du labyrinthe IV, 1996
Sur les solutions, défense de rire : "La révolution technologique a été faite et nous avons maintenant besoin d'une meilleure répartition de la richesse". Déjà, on aurait beaucoup à redire sur la prétendue révolution industrielle et technologique. Mais surtout, pour mettre un terme au fléau libéral, il faudrait utiliser des solutions provenant... d'auteurs libéraux ! Comme Rawls, par exemple, et sa naïve théorie de la justice :
"Les inégalités économiques et sociales doivent remplir deux conditions pour être acceptables ; d'abord, elles ne doivent pas empêcher l'égale opportunité de mobilité sociale. Ensuite, elles doivent se faire au plus grand bénéfice de l'ensemble de la société."
Il ose même parler d'un "nouveau Keynésianisme" peut-être en gestation au USA. Autant te dire qu'il se fout vraiment de son auditoire. Je suis à peu près certain de retrouver le même genre de chronique faite par un autre subordonné au Spectacle du temps de Clinton.