Rhum™ a écrit:j'essaie juste de partager mon expérience
Oui, c'est ce que j'essais d'expliquer. Ton expérience est tout à fait utile mais elle concerne ton installation avec tes motivations (que je ne connais pas d'ailleurs) : qu'es-ce que tu cherchais en t'installant là ou tu vis ? Quel est ton travail ? etc.
Rhum™ a écrit:L'avantage de la grande ville pas trop loin, c'est aussi de pouvoir vendre tes produits à des prix de bâtard au marché à des bobos urbains qui n'en veulent du bio authentique de la campagne (outre le fait que tu seras aussi bien content d'y aller de temps à autre pour voir autre chose que ton champ et tes poules). C'est aussi pouvoir sortir et emmener tes femmes et tes gosses voir un spectacle ou un artiste qui ne se produira pas dans la salle des fêtes de Trifouillis-sur-Briolance
Je suis totalement opposé avec l'idée de faire payer trop cher ma production sous prétexte qu'elle est estampillée "AB".
Le but c'est de nourrir les gens, pas de les affamer en tapant dans leurs portes-monnaies comme le font les GSM qui pratiquent du 40/50% de marges dessus. D'ailleurs, si tu achètes des légumes bio en vente directe et que tu les payes le prix que la grande distrib pratique, c'est que tu es un pigeon et que ton producteur est un fdp. Je tire pas ça de mon cul, c'est ce que je vois sur le terrain. Les maraichers bio en vente directe dans mon département (et je n'ai aucune raison de penser qu'ailleurs cela soit différent) pratique des prix normalisés (avec des cours et des listes de prix pratiqué), plus cher que du conventionnel mais qui reste à un niveau largement raisonnable même pour une population rurale. C'est pas incroyable, c'est juste comme ça que ça marche. Le producteur qui met sa courgette bio à 3.5e le kilos, c'est pas un fin commerçant, c'est un enfoiré de plus dans le milieu.
J'ai bien compris que, pour toi, le besoin de pouvoir s'évader avec un centre urbain est important. C'est cool, c'est quelque chose qui revient souvent dans les discussions que l'on a : le besoin de prendre des "vacances" de là ou tu vis, d'avoir du bruit et de l'activité, faire du shopping, etc. Mais il faut toujours remettre cet argument en rapport avec celui qui parle et qu'es-ce qui le pousse à dire cela.
On a vécu, avec ma future co-détentrice d'enfant, pendant dix ans en ville, à Montpellier. On sait ce qu'on perdra en s'installant loin d'un centre urbain, on sait aussi ce qu'on y gagnera. Et le simple rapport entre les deux nous a convaincu assez vite. En fait, on consomme pratiquement toute notre culture de manière dématérialisé : ciné, musique, jeux vidéo. Le seul truc qui nous fera vraiment chier, c'est de pas pouvoir acheter aussi facilement qu'avant un bon bouquin. Bon ben on se le fera livrer je suppose. Le reste de notre vie, c'est dehors que ça se passe : on s'occupe de nos bêtes et des cultures, on construit des trucs et on passe du temps ensemble.
Etre assez loin des amis/famille sera aussi difficile mais bon, avec une baraque pareille je suppose que nous deviendront les hôtes de tout ce beau monde.
Rhum™ a écrit:plus personne ne veut se lancer dans l'agriculture, c’est la catégorie socioprofessionnelle la plus à risque : la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est 20 à 30% supérieure à la moyenne de la population et ce n'est pas par hasard
Tout à fait. J'en connais d'ailleurs. Des mecs qui se sont endettés pour 150.000e juste pour acheter un tracteur plus performant pour travailler leurs terres mortes. Les céréaliers qui s'en foutent de leurs sols et qui ne comprennent pas pourquoi ils ont des baisses de rendements continuelles depuis 20 ans alors que leurs intrants augmentent chaque années. Les viticulteurs à grande échelles qui ne savent plus quoi faire pour palier au fait que leurs vignes ont besoin d'être arrosées tout l'été parce qu'elles sont devenues trop faibles pour aller pomper l'eau loin dans le sol. Les producteur de lait à l'hectolitre qui vendent une misère une production de lait subventionné jusqu'à l'os et poussée au cul par les antibio et la chimie.
Bon, ça tombe bien tout ça c'est pas du tout notre projet.
Comme il va aussi s'agir de notre lieu de vie, il y a une véritable dimension esthétique dans la manière de travailler : Verger maraîcher, parcours pour les basse cours sous les arbres, Créations de micro-climats (mares, talus et buttes, plantation d'arbres), la liste est longue des choses à y faire. Juste ça, ça nous tiendra occupés pour les 20 prochaines années. C'est toujours mieux que se faire chier à pelleter de la neige ou passer une heure et demi par jours dans les transports en commun, à mon sens.
Rhum™ a écrit:Enfin tu parles beaucoup d'un endroit avec du terrain, de l'eau etc... mais très peu des produits que vas produire
Il me semble que la sélection variétales c'est la partie la moins fun à lire ici. Tu veux vraiment que je parle des mérites comparés des Pattes de loups avec l'Arianne ? Le but d'une ferme c'est de "tout" produire : suffisamment de légumes et avec une variation de saison marquée (on conseille entre 10 et 15 les premières années), des fruits (pommes/poires/prunes, noix/noisettes, Cerise/peche/abricot par exemple), des oeufs bien sur. Ensuite on verra pour le reste : lait (de chèvre, pas compliquée à mettre en place), raisins de table, pourquoi pas poulet de chair plus tard (mais ça pose des problématiques plus sérieuses en terme abattage).
Bon, j'ai bien recu un mail de l'agent immobilier (Monsieur Michot, ça ne s'invente pas) pour les photos de l'intérieur mais le mail est vide. En attendant, voici deux photos dégueulasses des pattes mutantes de nos nouvelles poules :

