Coucou les enfants,
Comme on rentre dans l'hiver, je me suis dit qu'un premier rapport d'étape très premier degré de la vie dans une roulotte pourrait en intéresser certain. Faut aussi pas oublier que l'installation est temporaire, il manque une partie conséquente de notre maison, à savoir la terrasse de 27m². C’est un problème surtout avec l’hiver qui vient, on est obligé de faire des ajustements un peu chiant, genre rentrer plus de bois que prévu dans la maison alors qu’on n’a pas forcément la place au lieu de pouvoir le stocker sur la terrasse comme prévu.
Je vais essayer de parler de tout mais bien sur une place sera faite à mon caca et son trajet.
Dans l'ensemble, c’est largement mieux que ce à quoi je m’attendais. Les choix qu'on a fait, en accord avec un cahier des charges chargé (en particulier au niveau financier) comme la surface totale, le toilette sèche, être complètement autonome en élec, sont tous très largement validés. Certains aspects méritent des ajustements et je vais revenir sur les inconvénients et les trucs à changer un peu plus loin.
En vrai, la comparaison avec nos anciens apparts en ville fait (vraiment) de la peine. Ce qu'on a perdu en surface intérieure, on le compense très largement en autonomie réelle : moins de factures, plus de budget disponible pour les trucs qu'on aime, moins de pression financière et sociale, tout ça sans passer par un crédit. Le fait d’avoir choisi de ne pas s’exiler au fin fond de la campagne profonde mais plutôt de rester proche de la préfecture nous permet d’aller bosser tout les deux à vélo (40min aller-retour). On prend quasiment plus la caisse, sauf pour se ravitailler ou pour aller chercher du matos lourd. Mais on vit quand même dans un petit village, aucun voisin autour de nous et dans l’ensemble beaucoup de moments de calme (ouais y a le circuit de vroum vroum pas loin mais en termes de nuisance ce n’est rien comparé aux voisins fous des centres-villes).
A salaire égal, on vit BEAUCOUP mieux qu'avant tout en ayant gardé la possibilité de mettre de côté. Pour tout dire, on a même déjà commencé à discuter du budget pour la future extension. On discute aussi de voyages et de van aménagé, ce qui était tout simplement hors de question avant.
Le fait d’avoir (enfin) un véritable extérieur pour vivre normalement doit être mentionné : ranger des outils, travailler dehors, pouvoir faire un barbecue, inviter des amis en été sans mourir de chaud à l’intérieur, y a mille et un truc qui deviennent possible simplement parce que tu disposes d'un peu plus qu'une terrasse de 10m². Cet extérieur nous sert aussi pour l’autonomie alimentaire. Pour l’instant on mange nos salades/radis/épinards mais plus on va se rapprocher de l’été plus je vais pouvoir me lâcher sur les cultures : tomates, poivrons, aubergines, pommes de terre, ail, aromatiques. Bref autant de trucs qu’on n’achète pas/plus. Faudrait calculer le temps de travail/ le cout des matériaux/semence mais osef, ça fait partie des trucs que j’aime faire de toute façon et ça fait de l’expérience. Le fait d’arriver à combiner une production maraichère avec un 35h à coté demande un certain nombre de sacrifices, pas la peine de mentir là-dessus : mes journées en semaines sont (bien) remplies et mes weeks ends pire encore. C’est du en partie à la nouveauté de l’installation maraichère : tout est à faire/créer en termes de design, d’apports de matière, d’irrigation, etc. Dans un ou deux ans ça sera plus pépère mais en attendant faut marner.
On vit aussi mieux parce qu'on vit dans quelque chose qui nous fait du bien au niveau esthétique. Quand il fait -4 dehors, qu'on a 22 à l’intérieur et qu'on regarde notre maison à la lueur du poêle, c'est un peu magique. Et après on se tire les cheveux bien sûr. D’ailleurs le poêle est une grosse réussite. Se chauffer est vraiment facile et on ne consomme rien du tout : on a réussi à récupérer un demi-stère de bois à un collègue en échange d’un coup de main et je suis à peu près certain qu’on ne va pas l’utiliser en entier cet hiver. Sur ce truc de l’esthétique du lieu, quand j’en parle à nos amis j’ai souvent la réponse pseudo-blasé « osef de vivre entre 4 plaques de placo blanche ». Je dis ça d’autant plus facilement que j’étais bien obligé de m’auto-persuadé aussi, avang. Sauf que la différence elle existe. On a juste mis 15 ans à trouver comment et dans quoi on voulait vivre. Et au quotidien, ça change beaucoup.
Enfin et c’est probablement la plus grosse réussite du truc, Niarkette va (beaucoup) mieux depuis qu’on vit comme ça. Elle a réussi à gérer son anxiété un peu maladive et son besoin de contrôler ce qu’il se passe autour d’elle comme jamais depuis qu’on se connait. Elle a encore des moments de stress et de moins bien mais le changement est incroyable.
Bon mais est-ce que c'est parfait ? Evidemment non. Il y a des tas de choses qu'on aurait pu mieux faire avec plus de budget, de temps ou simplement avec un retour d’expérience concret :
- la production d'électricité.
Aujourd'hui nous avons 1,8kw de production (6 panneaux de 300w) et ce n’est pas suffisant par rapport à notre capacité de stockage. En gros, s’il fait plusieurs jours de mauvais temps, on ne recharge pas suffisamment la batterie pour une utilisation sans avoir à faire attention le soir. Jusqu’ici ce n’est pas un gros problème mais ça pourrait le devenir. La solution est « simple » et relativement peu couteuse, on va simplement rajouter quelques panneaux : 200e par panneau. Je préfère mille fois ça au problème inverse, à savoir un sous-dimensionnement des batteries. Là on aurait dû se ruiner pour l’augmenter.
On va donc augmenter notre capacité de production en mettant 3 panneaux au sol et avec une orientation plus « hiver ». Le double effet kiss cool sera en été avec une production largement excédentaire nous permettant de pouvoir mettre une clim sans problème. J’avais caressé l’idée d’y ajouter une éolienne pour particulier mais après discussion technique avec les gens qui nous ont fournis notre solution électrique (groupe SIREA), c’est une très mauvaise idée, que ce soit en termes de rendement ou financier. Même en terme technique, ce n’est pas si évident que ça dû à la production non linéaire du bordel. Les éoliennes, c’est vraiment de la merde, peu importe l’échelle (coucou Bidule).
En vrai, quand j’y pense je me dis que c’est presque fou qu’on ait pu tenir jusque-là avec seulement 6 panneaux. Quand tu vois les installations de porcs « off-grid » sur youtube des bobos en roulotte en Nouvelle Zelande ou Australie, ça fait un peu rigoler (souvent 20, 30 panneaux pour 2 personnes).
- La production d’eau chaude :
On est sur un système à gaz, le même que pour le camping-car (la marque TRUMA). De mon point de vue ça marche super bien : tu demandes au truc de te chauffer de l’eau à 60° et 15 minutes plus tard t’as ton eau chaude. Mais t’en as peu, suffisamment pour 2 à 3min de douche. Perso je n’ai jamais pris une douche plus longue donc je ne vois pas le problème mais Niarkette est moins jouasse, pour être tout à fait honnête. Difficile de lui donner tort ici. Pas de solution à donner pour l’instant sur ce point. Ce n’est pas la fin du monde non plus mais j’aime bien garder ma femme de la meilleure humeur possible. Peut-être agrandir la cuve du truma ? Faut voir s’il n’existe pas une version « famille nombreuse » du truc.
- Le temps disponible :
Je l’ai dit plus haut, nos choix entrainent pour moi très peu de temps pour faire autre chose que travailler. Pour donner une idée, je dois avoir entre 1 et 3h par semaine de véritable loisir, genre jouer à un jeu vidéo, lire un bouquin, préparer une session de jdr, bref les trucs que j’ai envie de faire en dehors du travail ou de la pratique sportive. Evidemment ce rythme là est parfois lourd, même pour une tête de con comme moi. Y a des soirs ou je rentre et j’aimerai bien avoir plus de temps pour me poser et rien faire plutôt que de couper du bois, d’installer un voile anti gel sur une culture ou une autre connerie dans le genre. Les ajustements se feront au fur et à mesure et je ne m’inquiète pas vraiment, vu qu’on a gardé une activité salariée tous les deux. Au pire, je minimiserai la production agricole.
Pour Rhum : comment vont les toilettes ?
En toute sincérité, ça va parfaitement bien. J’ai pu tester le truc dans toutes les situations, fêtes, amis qui restent plusieurs jours, semaine de règle de Niarkette (eh oui !). Le résultat est sans appel :
- Aucune odeur gênante, sous réserve que les gens qui utilisent les chiottes ne sont pas de gros dégueulasses aka Rhum « je vais venir mettre ma grosse chiasse sur tes murs ».
- Une maintenance LARGEMENT surestimée : avec la pratique, ça me prend littéralement deux minutes pour vider/nettoyer/remettre. En été le compost sentait si tu mets ta tête au-dessus mais là, aucune odeur depuis la baisse de température. Allez, je ne suis pas honnête, t’as une vague odeur d’ammoniaque quand tu balances le seau.
-Une utilisation au quotidien beaucoup plus discrète et sympa : je peux aller pisser dans la nuit sans réveiller Niarkette avec une putain de chasse d’eau. Pareil pour les amis.
Comme on bosse tous les deux, je suis passé sur deux vidages par semaine sans que ce soit un problème. Bref, si on doit réfléchir aux trucs à améliorer dans la maison, les chiottes ne viennent même pas dans la discussion tellement c’est un non problème. Par contre, ça ne m’empêche pas de réfléchir à une amélioration possible du système avec un séparateur urine/caca qui pourrait me permettre de mettre en place un lombricompost directement à la place du seau à marde. J’en ai discuté avec des boites qui font ce genre de produits et ils annoncent des trucs un peu fous à base de « vidage tous les six mois ». Faut que je bosse le sujet, qu’on en discute avec le constructeur et qu’on voit si ça vaut le coup de faire un truc comme ça.
Enfin, l'aire de compostage se remplit bien/trop parce que j'ai la main lourde sur la matière carbonée : j'y rajoute des feuilles mortes, du brf, etc. Ca évite les odeurs pas top (et je peux attester que ça fonctionne) et ça me permet d'être sur que l'azote de mon caca ne finisse pas lessiver dans le sol : les organismes qui vont digérer tout ce merdier vont l'utiliser pour se faire. Au printemps, il faudra aérer le tout et le retourner pour que la maturation se passe bien mais rien d'incroyable.
