1 Dernière modification par thedarkdreamer (02-01-2008 23:41:36)

Sujet : Le discours de la flagellation

Prononcé par un de mes professeurs préférés, à savoir Jean Paul Andrieux. Je l'aime beaucoup, parce qu'il est passionné, et ça se sent. Malgré cette passion, il reste rigoureux sur le fond comme sur la forme (je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi rigoriste sur la typographie et la bibliographie)

Le texte est un discours prononcé par Louis XV devant le Parlement de Paris, et on peut aujourd'hui y voir l'expression de la conception absolutiste du pouvoir telle que la concevait la monarchie française.

En plus détaillé

Louis XV dut toute sa vie lutter contre l'opposition parlementaire.
Avant 1789, on nommait "Parlement", les cours souveraines de justice, qui jugeaient en dernier ressort au nom du Roi et enregistraient lois, édits et ordonnances.
Leurs membres achetaient leur charge au Roi (vénalité des offices) mais l'édit de la Paulette (1604) en instituant l'hérédité de ces mêmes offices contribua à faire des parlementaires une caste fermée et orgueilleuse de ses privilèges.

En 1766, successivement, les Parlements de Pau et Rennes s'agitent. Louis XV les châtient. Les autres Parlements et le plus important (par son ressort territorial), celui de Paris, s'émeuvent, jouent les solidaires et font la grève de la Justice.

Le lundi 3 Mars 1766, jour de la Flagellation, Louis XV se rend au Parlement de Paris pour y mettre les points sur les i ! Calme, décidé, il fait lire son discours par l'un de ces "Messieurs du Parlement".

Selon Michel Antoine, le grand spécialiste français actuel du règne de Louis XV, ce discours "rédigé dans une langue admirable et rappelant avec une vigueur, une clarté et une logique inattaquable les principes fondamentaux de la monarchie" est "un des actes importants du règne" et le "testament politique de Louis XV".

Si il reste des lecteurs, c'est là.

(l'image et le son sont mauvais par contre, mais je ne suis pas responsable)

Discours de Louis XV au Parlement de Paris le 3 mars 1766, dit Discours de la flagellation (procès-verbal de la séance du Parlement).

Ce qui s'est passé dans les Parlements de Pau et de Rennes ne regarde pas mes autres Parlements ; j'en ai usé à l'égard de ces deux cours comme il importait à mon autorité, et je n'en dois compte à personne.
Je n'aurais pas d'autre réponse à faire à tant de remontrances qui m'ont été faites à ce sujet, si leur réunion, l'indécence du style, la témérité des principes les plus erronés et l'affectation d'expressions nouvelles pour les caractériser, ne manifestaient les conséquences pernicieuses de ce système d'unité que j'ai déjà proscrit et qu'on voudrait établir en principe, en même temps qu'on ose le mettre en pratique.

Je ne souffrirai pas qu'il se forme dans mon royaume une association qui ferait dégénérer en une confédération de résistance le lien naturel des mêmes devoirs et des obligations communes, ni qu'il s'introduise dans la Monarchie un corps imaginaire qui ne pourrait qu'en troubler l'harmonie ; la magistrature ne forme point un corps, ni un ordre séparé des trois ordres du Royaume ; les magistrats sont les officiers chargés de m'acquitter du devoir vraiment royal de rendre la justice à mes sujets, fonction qui les attache à ma personne et qui les rendra toujours recommandables à mes yeux. Je connais l'importance de leurs services : c'est donc une illusion, qui ne tend qu'à ébranler la confiance par de fausses alarmes, que d'imaginer un projet formé d'anéantir la magistrature et de lui supposer des ennemis auprès du trône ; ses seuls, ses vrais ennemis sont ceux qui dans son propre sein, lui font tenir un langage opposé à ses principes ; qui lui font dire que tous les Parlements ne font qu'un seul et même corps, distribué en plusieurs classes ; que ce corps, nécessairement indivisible, est de l'essence de la Monarchie et qu'il lui sert de base ; qu'il est le siège, le tribunal, l'organe de la Nation ; qu'il est le protecteur et le dépositaire essentiel de sa liberté, de ses intérêts, de ses droits ; qu'il lui répond de ce dépôt, et serait criminel envers elle s'il l'abandonnait ; qu'il est comptable de toutes les parties du bien public, non seulement au Roi, mais aussi à la Nation ; qu'il est juge entre le Roi et son peuple ; que, gardien respectif, il maintient l'équilibre du gouvernement, en réprimant également l'excès de la liberté et l'abus du pouvoir ; que les Parlements coopèrent avec la puissance souveraine dans l'établissement des lois ; qu'ils peuvent quelquefois par leur seul effort s'affranchir d'une loi enregistrée et la regarder à juste titre comme non existante ; qu'ils doivent opposer une barrière insurmontable aux décisions qu'ils attribuent à l'autorité arbitraire et qu'ils appellent des actes illégaux, ainsi qu'aux ordres qu'ils prétendent surpris, et que, s'il en résulte un combat d'autorité, il est de leur devoir d'abandonner leurs fonctions et de se démettre de leurs offices, sans que leurs démissions puissent être reçues.
Enjeanrendre d'ériger en principe des nouveautés si pernicieuses, c'est faire injure à la magistrature, démentir son institution, trahir ses intérêts et méconnaître les véritables lois fondamentales de l'Etat ; comme s'il était permis d'oublier que c'est en ma personne seule que réside la puissance souveraine, dont le caractère propre est l'esprit de conseil, de justice et de raison ; que c'est de moi seul que mes cours tiennent leur existence et leur autorité ; que la plénitude de cette autorité, qu'elles n'exercent qu'en mon nom, demeure toujours en moi, et que l'usage n'en peut jamais être tourné contre moi ; que c'est à moi seul qu'appartient le pouvoir législatif sans dépendance et sans partage ; que c'est par ma seule autorité que les officiers de mes cours procèdent, non à la formation, mais à l'enregistrement, à la publication, à l'exécution de la loi, et qu'il leur est permis de me remontrer ce qui est du devoir de bons et utiles conseillers ; que l'ordre public tout entier émane de moi et que les droits et les intérêts de la Nation, dont on ose faire un corps séparé du Monarque, sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu'en mes mains [...].
Les remontrances seront toujours reçues favorablement quand elles ne respireront que cette modération qui fait le caractère du magistrat et de la vérité, quand le secret en conservera la décence et l'utilité, et quand cette voie si sagement établie ne se trouvera pas travestie en libelles, où la soumission à ma volonté est présentée comme un crime, et l’accomplissement des devoirs que j’ai prescrits un sujet d’opprobre ; où l’on suppose que toute la Nation gémit de voir ses droits, sa liberté, sa sûreté prêts à périr sous la force d’un pouvoir terrible, et où l’on annonce que les liens de l’obéissance sont prêts à se relâcher : mais si, après que j'ai examiné ces remontrances et qu'en connaissance de cause j'ai persisté dans mes volontés, mes cours persévéraient dans le refus de s'y soumettre, au lieu d'enregistrer du très exprès commandement du Roi, formule usitée pour exprimer le devoir de l'obéissance, la confusion et l'anarchie prendraient la place de l'ordre légitime, et le spectacle scandaleux d'une contradiction rivale de ma puissance souveraine me réduirait à la triste nécessité d'employer tout le pouvoir que j'ai reçu de Dieu pour préserver mes peuples des suites funestes de ces enjeanrises [...].

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

Re : Le discours de la flagellation

Jolie prétérition dans l'intro, on n'en fait plus de la comme ça.

Re : Le discours de la flagellation

On va encore t'accuser de faire de l'anti-sarkozisme primaire.

Re : Le discours de la flagellation

aliocha a écrit:

On va encore t'accuser de faire de l'anti-sarkozisme primaire.

Je pourrais dire que ce sont les risques du métier, mais je vais plutôt choisir d'alimenter ces critiques en citant ici Rachida Dati:

"La légitimité suprême, c'est celle des Français qui ont élu (Paul Bismuth NDLR) pour restaurer l'autorité. Les magistrats rendent la justice au nom de cette légitimité suprême"

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

Re : Le discours de la flagellation

Faut vraiment que je le lise ou y a une adaptation ciné prévue ?

Mais en vrai je m'en fous complètement

Re : Le discours de la flagellation

TroyMcLure a écrit:

Faut vraiment que je le lise ou y a une adaptation ciné prévue ?

Ah, je n'oblige personne, mais c'est du très beau français, et on sent le professeur possédé par son sujet (comme souvent avec lui), ce qui se voit dans l'ovation que lui font les étudiants à la fin (il y a parfois des applaudissements polis, mais rarement de telles manifestations d'enthousiasme)

Ma réponse serait que l'adaptation vidéo existe déjà, elle est en lien dans le premier message du thread.

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

7

Re : Le discours de la flagellation

MILL, ta gueule.

C'est un garçon sans importance collective, c'est tout juste un individu (Céline)

8

Re : Le discours de la flagellation

La chose nous fait des posts aléatoires maintenant. Sinon beau texte.

PUTEDEPUTEDEPUTE

9

Re : Le discours de la flagellation

Ou alors, donnez moi le petit noir, donnez moi le petit noir, bon je reviens...

Inséminateur de femmes ménopauséent

10

Re : Le discours de la flagellation

Ahah génial oué.

Re : Le discours de la flagellation

[troll]En relisant ceci, je me dis que Damiens aurait aimé.[/troll]

Re : Le discours de la flagellation

SojaCouille a écrit:
thedarkdreamer a écrit:

Louis XV les châtient.

J'ai pas osé aller plus loin.

Il faut t'expliquer le sens des balises "quote" ou tu fais semblant?

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

13 Dernière modification par Dableuf (19-10-2010 10:59:42)

Re : Le discours de la flagellation

Bon j'ai pas compris le Enjeanrendre au lieu d'entreprendre, c'est un wordfiler? Mais il a été enlevé depuis ?

Re : Le discours de la flagellation

aliocha a écrit:

[troll]En relisant ceci, je me dis que Damiens aurait aimé.[/troll]

Pareil, j'en donne ma main à couper.

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

15

Re : Le discours de la flagellation

SojaCouille a écrit:

Tu quotes quelqu'un de distinguer

J'ai pas osé aller plus loin.

Ne pas comprendre Booba c'est ne rien comprendre au rap. Pire encore quand t'en fais l'image du rappeur bas du front qui ne sait pas ecrire. Et je peux meme pas te dire d'arreter de resrer bloquer dans les 90's, a cette epoque il faisait le crime paie, bordel. - Jakovazor

Re : Le discours de la flagellation

SojaCouille a écrit:

edit : gnagnagna, j'aurais du me relire après avoir changé ma phrase, ouais ouais.

Mais en plus tu t'enfonces !

Cela dit, ça m'a intrigué aussi cette histoire d'enjeandrises, on est déjà référencé avec ça. C'était quoi le wordfilter ?

Re : Le discours de la flagellation

Arf, je viens de comprendre, mais c'est quoi le rapport ??

18

Re : Le discours de la flagellation

Lyon

Ne pas comprendre Booba c'est ne rien comprendre au rap. Pire encore quand t'en fais l'image du rappeur bas du front qui ne sait pas ecrire. Et je peux meme pas te dire d'arreter de resrer bloquer dans les 90's, a cette epoque il faisait le crime paie, bordel. - Jakovazor

19

Re : Le discours de la flagellation

Toujours.

Ne pas comprendre Booba c'est ne rien comprendre au rap. Pire encore quand t'en fais l'image du rappeur bas du front qui ne sait pas ecrire. Et je peux meme pas te dire d'arreter de resrer bloquer dans les 90's, a cette epoque il faisait le crime paie, bordel. - Jakovazor

20

Re : Le discours de la flagellation

Hmmmm, Jean....admin nain... Rapport a Passepartout?

Re : Le discours de la flagellation

Il s'appelle André Bouchet en vrai.