1 Dernière modification par thedarkdreamer (30-04-2007 16:46:12)

Sujet : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Autant commencer par une accroche wikipédienne, cet article est une ébauche, mes recherches sur le sujet sont loin d'être complètes, donc je complèterai au fur et à mesure. (Là c'est une première version que je complèterai ce soir avec des notes qui sont chez moi)

L'"Affaire Techland", c'est l'envoi par un mange merde d'avocat du barreau de paris d'une lettre à un nombre indéterminé d'internautes, leur imputant le téléchargement du jeu "Call of Juarez", les menaçant de procès et réclamant le paiement d'une somme.

Cette affaire pose en fait de nombreuses questions. Je vais tâcher de toutes les développer une à une, mais je ne le ferai pas forcément dans l'ordre.

"Attend, leur jeu il était franchement moyen, c'est abusé"

Continuons donc l'exploration des diverses questions soulevées par cette affaire. Un argument qui revient souvent, c'est celui de la médiocrité de l'oeuvre téléchargée, qui si on écoutait le bon sens, devrait priver l'auteur de tout droit de réclamation vis à vis d'internautes qui ne faisaient qu'exercer leur liberté de se rendre compte par eux-même de la justesse de ces critiques.

"Call of Juarez" est un jeu vidéo. Il constitue une oeuvre protégée par le droit de la propriété intellectuelle. La médiocrité alléguée d'une oeuvre est-elle de nature à diminuer, voire à supprimer la protection accordée par la loi?
Le principe, en la matière, est l'indifférence du mérite. Les textes, en l'occurrence, l'article 112-1 du code de la propriété intellectuelle interdit au juge de tenir compte du mérite ou de la destination de l'oeuvre. Bref, le roman magnifique de michel del castillo "Mort d'un poète" est autant une oeuvre protégée que le film "altered assholes 17"(je sens que ça fera plaisir à napalm).
Pour vous expliquer pourquoi, je laisse la parole à un vieux renard du droit de la PLA (mais ne lui dites jamais qu'il est vieux), à savoir Pierre-Yves GAUTIER:

On ne saurait s'en remettre à l'appréciation subjective du juge, pour estimer, dans chaque espèce, si l'oeuvre est géniale ou si elle ne vaut décidément rien.

En clair, subordonner la protection au goût personnel du juge, c'est la rendre aléatoire, et donc la diminuer de manière importante. Donc le droit fait le choix de la protection systématique, d'où son indifférence au mérite de l'oeuvre.
Indifférent au mérite, le droit de la PLA l'est aussi à la destination. C'est la théorie de "l'unité de l'art": toute distinction entre ce qui est purement culturel (une sculpture d'art moderne) et ce qui est appliqué à une industrie (le design d'une souris) est prohibée.
Et la cour de cassation casserait tout jugement qui porterait une appréciation sur la valeur artistique ou la destination commerciale de l'oeuvre. Ainsi un jugement de cour d'appel qui se base sur le caractère "populaire" d'une chanson (affaire "on va fluncher") se verra méchamment cassé.

Si des internautes sont poursuivis devant les tribunaux par Techland, il ne leur servira donc de rien d'invoquer la médiocrité de call of Juarez pour se défendre. Alors qu'à lire les forums de ratatium, cet argument découle de l'évidence.

Les juges sont décidément sourds au bon sens.

"Dis papa, c'est quoi une preuve irréfragable?"

Dans la lettre qu'ont reçu les internautes, il est fait mention de "preuves irréfragables". Pour un non-juriste, le mot "irréfragable" intrigue. Pour un juriste, l'expression "preuve irréfragable" dérange. Disons que ça m'a titillé.

Le mot irréfragable est pourtant clair. Si on prend l'ouvrage que tout juriste devrait avoir dans sa bibliothèque, à savoir le vocabulaire juridique de Gérard Cornu, sa définition est limpide: "Qui ne souffre pas la preuve contraire (laquelle n'est pas admissible); se dit de certaines présomptions légales qui ne peuvent être combattues par une telle preuve."
Donc le terme irréfragable est un adjectif qui se rapporte à une présomption.
Pour bien comprendre ce qu'est une présomption, je dois vous parler de la preuve. On dit en droit qu'il est semblable de ne pas disposer d'un droit et de ne pas être capable d'en apporter la preuve "Idem est non esse et non probari". En procédure civile, la preuve des faits allégués doit être rapportée par les parties, le juge, arbitre, se contentant d'appliquer au faits le droit adéquat ("donne-moi les faits, je te donnerai le droit").
Imaginons que j'enjeanrenne une procédure pour me faire attribuer le surf d'Imax. Je réclamerai ce surf en invoquant mon droit de propriété sur lui. J'allèguerai donc de ce droit de propriété. Sera-ce à Imax, défendeur à l'instance, de prouver que je ne suis pas propriétaire du surf? Ce serait imposer au défendeur la preuve d'un fait négatif, toujours très difficile à rapporter. Je devrai tout d'abord établir, en tant que demandeur, la preuve de mon droit de propriété, envertu de la règle "actor incumbit probatio" ou "la charge de la preuve incombe au demandeur".
Cette charge de la preuve détermine donc celui qui doit apporter la preuve du fait. Mais si on parle également de fardeau de la preuve, c'est qu'elle a un effet secondaire très puissant: elle détermine celui qui perdra le procès en cas d'impossibilité de prouver. Si le surf d'Imax est bien à moi(il me l'a vendu par mp et je lui ai envoyé du liquide par la poste), mais que je suis dans l'impossibilité de le prouver(les mp sont effacés, pas de traces du liquide), eh bien je suis perdant: la justice constatera que je ne peux prouver mon droit, et ce sera comme si celui-ci n'existait pas.

Parce que ceux qui font le droit sont conscients que certaines preuves sont particulièrement difficiles à rapporter, le droit connaît un mécanisme, celui de la présomption, qui permet d'éviter d'avoir à rapporter une telle preuve. Le mécanisme de la présomption est simple:on part d'un fait connu pour en tirer une conclusion sur un fait inconnu. Je prendrai l'exemple de la filiation. Quand un enfant naît, il existe généralement peu de doute sur l'identité de la mère (d'où l'adage "mater semper certa est": la mère est toujours certaine) par contre, il y a encore quelques centaines d'années, quand les tests de paternité n'existaient pas, l'identité du père était bien moins sûre. Or, on ne peut établir une filiation paternelle à la légère: elle a longtemps déterminé le titulaire de l'autorité parentale, elle permet à l'enfant de venir à la succession du père, elle conditionne éventuellement le paiement d'une pension. C'est pourquoi le droit romain, pour éviter ces difficultés, connaissait un mécanisme de présomption de paternité. Qui est véritablement le père? La preuve est difficile, voire impossible à rapporter (fait inconnu). Par contre, on sait que l'enfant est né, pendant le mariage, d'une femme mariée (fait connu)? Hop, présomption de paternité: "l'enfant né pendant le mariage ne peut avoir pour père que l'époux"(ou encore "Pater is est quaem nuptiae demonstrant", le mariage fait présumer le père). Et voilà comment, par le mécanisme de la présomption, on rend plus simple la preuve d'un fait inconnu.

Oui, mais et l'irréfragable là-dedans? J'y arrive. La présomption est un mécanisme puissant, mais la loi lui accorde une force variable. Une présomption est dite simple quand la preuve contraire peut être rapportée. Un exemple très connu de présomption simple, c'est la présomption d'innocence. Si vous êtes accusé d'un crime ou d'un délit, on ne va pas réclamer de votre part la preuve de votre innocence: ce serait exiger de vous la preuve d'un fait négatif. La présomption d'innocence pose donc une règle de preuve: en l'absence de preuve de la culpabilité, l'accusé est présumé innocent. C'est donc à l'accusation d'apporter les preuves de la culpabilité. Donc il est possible de rapporter ces preuves, il est possible de prouver contre la présomption: présomption simple.

Une présomption irréfragable, c'est une présomption dont on n'admet pas la preuve contraire: cette preuve contraire est interdite, elle ne sera jamais admise en justice. La vérité judiciaire n'en tiendra pas compte. Un exemple de présomption irréfragable, c'est la connaissance par le vendeur du vice caché de la chose vendue. Imaginons que vous achetez une jaguar à un garagiste. Vous réalisez peu de temps après l'achat que le carburateur présente un grave défaut. Vous faites alors jouer contre le vendeur la garantie légale des vices cachés. Cette garantie sanctionne le vendeur qui connaissait le vice de la chose vendue(et qui ne l'a pas révélé à l'acheteur). Mais la preuve de cette connaissance était particulièrement difficile à rapporter pour l'acheteur: allez prouver que le garagiste était au courant du défaut... Le droit a donc choisi de présumer de manière irréfragable cette connaissance chez le vendeur professionnel. Celui-ci pourrait prouver par A+B qu'il n'était pas au courant pour le carburateur, que le juge expliquerait encore dans son jugement qu'en tant que vendeur professionnel, il ne pouvait ignorer ce vice.

Où est-ce que je veux en venir, me direz-vous? Eh bien, maintenant, que vous avez une idée de ce qu'est l'irréfragable, vous savez ce que l'mange merde d'avocat de techland voulait dire par preuve irréfragable: une preuve incontestable, dont la preuve contraire ne serait jamais admise en justice. L'expression a-t-elle un sens?

Non.

Seule une présomption peut être iréfragable, parce que le droit a choisi de lui conférer un tel caractère. En droit français, la preuve est libre, et la preuve parfaite n'existe pas. Pour revenir à mon histoire de surf, je pourrais prouver que les mp ont bien été échangés entre Imax et moi. Mais Imax pourrait rétorquer, par exemple, que ces mp ne constituent pas un contrat formé mais une simple négociation, qu'il n'y avait pas de volonté sérieuse de sa part. Si je prouvais l'envoi d'argent, Imax pourrait prouver que cet envoi a une autre cause que l'achat du surf, que c'est la conséquence d'un pari, ou une intention généreuse de ma part suite à son cambriolage. Bref, une preuve irréfragable, ça n'existe pas. Parce que la preuve absolue n'existe pas.

Pourquoi alors un mange merde d'avocat a-t-il employé l'expression?

Pour impressionner, probablement, un mot ronflant et technique impressionne toujours. Et aussi, parce que ce qui est visé par cette expression(mais là on s'éloigne sans doute de mon domaine), ce sont des données techniques (par exemple des IP d'ordinateurs, recoupés par les données des Fai, qui donne des identités d'abonnés). Sauf que même une preuve technique n'est jamais parfaite: même si tu remontes à une IP, voire à une machine, la règle reste que la responsabilité est personnelle: l'abonné épinglé pourra toujours dire que c'est son petit-fils qui a dû télécharger le jeu, celui qui est en wi-fi pourra prétendre que quelqu'un a profité de sa connection. Il ne suffit pas de dire qu'un téléchargement a eu lieu, voire sur quelle machine, à quelle date et à qelle heure il a eu lieu: encore faut -il prouver l'identité de l'utilisateur qui a commis le délit. Et là, à ma connaissance(et j'insiste sur le caractère incomplet et inactualisé de ces propos) je ne crois pas qu'il existe de preuve incontestable.

"L'avocate n'est pas tout à fait dans son bon droit"

Sur Ratatium, il a été dit que la lettre reçue par les internautes pourrait valoir à son auteur des poursuites disciplinaires, pour des manquements aux règles déontologiques. Deux points étaient avancés: d'une part le contenu de la lettre, d'autre part, le compte destiné à recevoir les fonds réclamés.
Mon propos n'est pas de dire si ces affirmations sont ou non exactes. Je n'ai pas reçu une telle lettre, et je ne saurais donc en faire une quelconque analyse. Expliquer de manière légère le droit applicable est par contre à ma portée.

a) le contenu de la lettre
Deux points doivent être soulignés: tout d'abord le rappel de la faculté de consulter un mange merde d'avocat, ensuite la prése,tation des faits.
1) la faculté de consulter un mange merde d'avocat
Il faut bien comprendre que le rôle de l'mange merde d'avocat ne se limite pas à plaider. C'est même une dimension de moins en moins importante de son activité. L'actuel directeur de l'EFB, par exemple, dit à qui veut l'entendre qu'il n' presque jamais plaidé de sa vie. Il y a donc, pour l'mange merde d'avocat, une vie hors des tribunaux, voire hors du procès.
En l'occurrence, avant d'entamer une action en justice, voire alors que celle-ci est en cours, l'mange merde d'avocat peut rechercher un accord avec la partie adverse. Par exemple, toujours sur cette histoire de surf vendu par Imax, qu'il ne m'a pas envoyé. Je compte réclamer le surf en justice, plus le remboursement des frais de port, sans compter l'indemnisation de la perte d'une chance de remporter le concours seinnois de surf (les déferlantes partant du pont mirabeau semblaient particulièrement favorables). Je charge donc mon mange merde d'avocat de cette affaire. Mon mange merde d'avocat, conscient du fait qu'une procédure aura un coût important pour un objet somme toute dérisoire, se met en contact avec Imax, la partie adverse, pour lui proposer un accord : en échange du surf, nous renonçons aux frais de port perçus par lui. C'est l'idée, devenue adage, qu'"un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès"
Cette démarche de mon mange merde d'avocat s'effectue en dehors de tout tribunal, et de toute procédure. Aucune règle de procédure ne lui est donc applicable. Mais c'est là qu'intervient la déontologie de l'mange merde d'avocat, pour poser des règles. Parce qu'il est évident que l'mange merde d'avocat, malgré la réputation qu'il a (notamment chez les conjoints d'mange merde d'avocat), a sur une partie adverse souvent peu au fait de la chose juridique, mal avertie de ses droits, une influence. Le titre, le vocabulaire (cf. mon point sur les "preuves irréfragables"), le professionnel impressionnent. Et il s'agit d'éviter qu'une partie adverse dans son bon droit, mais impressionnée par l'mange merde d'avocat, ne conclue un accord défavorable.
D'où le souci des règles déontologiques de faire cesser au plus vite le déséquilibre: c'est entre manges merde d'avocat que le dialogue doit se nouer.
Sur Ratatium, on a évoqué le règlement intérieur du barreau de paris. Il n'est pas besoin d'aller jusque là. Le Règlement Intérieur National, publié par le CNB (ou Conseil National des Barreaux, cessez de penser à mal) est suffisamment explicite.

Son article 8.1 pose en effet le principe:

Chacun a le droit d'être conseillé et défendu par un mange merde d'avocat

Il doit évidemment se conjuguer ave les devoirs généraux de l'mange merde d'avocat, et notamment celui de délicatesse, tiré de l'article 1.3 du même règlement. [1.3 in extenso]

L'article 8.2 en tire les conséquences

Si un différend est susceptible de recevoir une solution amiable, avant toute procédure ou lorsqu’une action est déjà pendante devant une juridiction, l’mange merde d'avocat ne peut prendre contact ou recevoir la partie adverse qu’avec l’assentiment de son client. A cette occasion, il rappelle à la partie adverse la faculté de consulter un mange merde d'avocat et l’invite à lui en faire connaître le nom. Il s’interdit à son égard toute présentation déloyale de la situation et toute menace. Il peut néanmoins mentionner l’éventualité d’une procédure.

(c'est moi qui grasse)
Qu'en retirer?

Il faut un accord du client pour initier une telle prise de contact.
Cette prise de contact intervient par écrit. Cet écrit comprend nécessairement le rappel de la faculté de consulter un mange merde d'avocat, et invite la partie adverse à communiquer le nom de son conseil.

Pour illustrer, les exemples de lettre fournis dans ce même règlement intérieur comprennent des passages tels que:

"je suis à la disposition de votre mange merde d'avocat pour tout entretien qu'il pourrait souhaiter"

ou encore

"Auriez-vous l'obligeance de me faire connaître, par retour du courrier le nom de votre mange merde d'avocat de telle sorte que je prenne tout contact utile avec lui?"

.
Je constate que la lettre qui a été publiée sur ratatium ne comprend pas de mention de ce type. Si on aime spéculer, on pourrait considérer qu'une lettre ne rappelant pas cete faculté de consulter un mange merde d'avocat constitue une faute déontologique suceptible d'entraîner des poursuites disciplinaires. Une telle faute, si elle était avérée, n'ôterait cependant rien aux droits de la société représentée par l'mange merde d'avocat. Celle-ci aurait donc toujours le pouvoir de poursuivre les destinataires de la lettre en justice.
2) la présentation des faits ou " attends, c'est de l'extorsion leur histoire"
J'ai beaucoup lu sur les forums que cette lettre constituait une extorsion de fonds. On pourrait argumenter en ce sens, mais beaucoup moins facilement qu'on ne le croit. Je vais tâcher d'expliquer pourquoi.

Reprenons notre article 8.2 (je vous entends crier "grâce d'ici")

Si un différend est susceptible de recevoir une solution amiable, avant toute procédure ou lorsqu’une action est déjà pendante devant une juridiction, l’mange merde d'avocat ne peut prendre contact ou recevoir la partie adverse qu’avec l’assentiment de son client. A cette occasion, il rappelle à la partie adverse la faculté de consulter un mange merde d'avocat et l’invite à lui en faire connaître le nom. Il s’interdit à son égard toute présentation déloyale de la situation et toute menace. Il peut néanmoins mentionner l’éventualité d’une procédure.

(c'est encore moi qui grasse)
On y lit, donc, que l'écrit doit présenter l'objet de la demande, mais cette présentation ne saurait être déloyale, voire prendre la forme d'une menace.
Retenons les termes délibérément vagues (déloyauté revoie à loyauté, et qui peut définir précisément la loyauté?) excepté sur le terme de menace, qui renvoie directement à deux notions: celle, civile, de violence, et celle, pénale de menace. Les deux sont proches, sans toutefois se recouper. La violence, en droit civil, c'est une contrainte physique ou morale qui détermine le consentement de celui qui conclut un contrat. Par exemple, si j'ai menacé Imax d'envoyer des mexicains lui apprendre la vie s'il ne me vend pas son surf, le consentement d'Imax sera vicié du vice de violence. C'est la contrainte physique: la promesse, ou la réalisation, de dommages physiques à la personne ou aux biens du contractant. Mais la contrainte peut aussi être morale, par exemple le grand-père vendant une maison à son beau-fils sous la menace de ne plus voir ses petits-enfants s'il s'y refuse. On se fout ici que violence reste à l'état de menace ou soit mise à execution.
En droit pénal, l'extorsion c'est

le fait d'obtenir par violence, menaces de violences ou contrainte soit une signature, un engagement ou une renonciation, soit la révélation d'un secret, soit la remise de valeurs, ou d'un bien quelconque.

Ce qui nous amène à la question suivante, qui est simple: le fait de réclamer une somme d'argent en menaçant d'un procès est-elle constitutive du vice civil de violence, ou du délit pénal de menace?
En principe, la réponse est simple, et elle est négative. Menacer quelqu'un d'un procès ne constitue a priori ni une extorsion ni une violence civile. La justification en est simple: le titulaire d'un droit doit pouvoir s'en prévaloir, y compris en avertissant que s'il n'obtient pas satisfaction, il le portera en justice. Si Aliocha, devenu grand propriétaire foncier, loue une chambre à Ffiixx, et que Ffiixx ne paie plus son loyer, qu'il dépense en restos pour sa centralienne, il est normal qu'Aliocha puisse envoyer une lettre à Ffiixx lui rappelant que s'il ne paie pas, ce droit du bailleur au paiement des loyers se verra porté en justice. Cette lettre d'aliocha ne serait ni une violence ni une extorsion, car il est de jurisprudence constante que

"la menace de l'emploi d'une voie de droit ne constitue [pas] une violence(...)" (Civ, 3ème 17 janvier 84) ni une extorsion (Tcorr Paris, 16 dec 86)

Mais, et il y a un mais, le risque d'une telle position du droit, c'est l'abus par le titulaire d'un droit de la menace d'employer une voie de droit. Si au delà du paiement des loyers dûs, Aliocha se mettait à réclamer à Ffiixx que celui-ci lui vende ses haltères à un prix bien inférieur à celui du marché, il y aurait détournement par Aliocha de sa faculté à employer une voie de droit. Ce que la cour de Cassation dit dans la décision de 84:

"la menace de l'emploi d'une voie de droit ne constitue une violence que s'il y a abus de cette voie de droit, soit en la détournant de son but, soit en en usant pour obtenir une promesse ou un avantage sans proportion avec l'engagement primitif"

C'est la raison pour laquelle si l'article 8.2 in fine précisait la faculté de l'mange merde d'avocat de "mentionner l'éventualité d'une procédure".
Cependant, pour revenir à l'affaire Techland, si cette mention de l'éventualité d'une procédure s'accompagnait d'une présentation des faits déloyale, alors il pourrait y avoir abus de cette menace de l'emploi d'une voie de droit, qui en ferait une menace tout court. Cette menace pourrait alors faire l'objet d'une double saction: sanction disciplinaire, tout d'abord, puisque présenter les faits de manière déloyale est une faute déontologique, et d'éventuelles sanctions pénales (mais je n'y crois guère) si le juge pénal décidait de qualifier de menace la présentationd e la demande.
Là encore cependant, les internautes visées ne seraient toujours pas sortis d'affaire, puisque ces sanctions n'ôteraient rien aux droit que la société techland pourrait faire valoir contre eux en justice.

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

qu'est ce que ca fout dans Questions / Réponses ?

« Je suis né d'un con, je mourrai comme un con » El Comandante Rebleauchón

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Irréfragable, c'est comme fragable, mais avec irr devant, tu compliques un peu trop les choses, comme d'habitude.

4 Dernière modification par thedarkdreamer (11-04-2007 16:32:35)

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

reblochon a écrit:

qu'est ce que ca fout dans Questions / Réponses ?

C'est une réponse partielle à une question que me posait Imax.

ffiixx a écrit:

Irréfragable, c'est comme fragable, mais avec irr devant, tu compliques un peu trop les choses, comme d'habitude.

Tu sais fiffiixx, la vie, c'est un peu plus compliqué que CS.

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

ffiixx a écrit:

Irréfragable, c'est comme fragable, mais avec irr devant, tu compliques un peu trop les choses, comme d'habitude.

Euh non connard, c'est avec irré.

Lol pwnd

I take a look at my enormous penis
and my troubles start melting away

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

ok, donc pas moyen de se faire serrer sans perqui alors ?

7 Dernière modification par FishBowl (11-04-2007 17:10:58)

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Ouais voila c'est ça qui nous intéresse, on peut conitnuer à téléchopper comme des porcs ou pas ?

Edit : Et alors est-ce que le fait d'avoir fait mauvais usage du terme irréfragable va permettre à ceux qui ont payé de récupérer leurs sous ? La pute avocate risque quelque chose ?

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

La question que je me pose c'est : est-ce que les plaignants, qui restent quand même coupables de téléchargement, seront quand même poursuivis une fois l'histoire bouclée ? La justice a-t-elle le droit de créer une affaire sur la base d'une autre ?

Ne pas comprendre Booba c'est ne rien comprendre au rap. Pire encore quand t'en fais l'image du rappeur bas du front qui ne sait pas ecrire. Et je peux meme pas te dire d'arreter de resrer bloquer dans les 90's, a cette epoque il faisait le crime paie, bordel. - Jakovazor

9 Dernière modification par Kek (11-04-2007 18:15:35)

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Oh oh je vais parler comme dans Slashdot...
IANAL (I Am Not A Layer) mais bon c'est du bon gros bluff cette histoire.

Pour le simple fait qu'il faut théoriquement un procès par gus qui a téléchargé ce jeu.
Le tout pour 1 pauvre jeu.
Pas très rentable non?

Envoyer une connerie de lettre pour impressionner c'est surement plus rentable ca ouais.
5000x400= des brouzoufs à coup sur, meme s'il n'y a que 500 payeurs.

Tu recois cette lettre (en plus sans recommandé) c'est poubelle direct.
Tu nettoies un peu le disque dur et hop affaire reglée.
Ils vont peut-etre te relancer 1-2 fois et après?

Ca va aller jusqu'au procès?
Avec une perqui, des tonnes de papiers et du temps de perdu...tout ca pour un jeu?
De plus ils prennent le risque de voir leur procédé de reperage tomber pour un vice x ou y (et dieu sait que dans l'informatique ca ne manque pas)

C'est du vent, mais du bluff de qualité quoi.
Le pire c'est que dixit la firme suisse qui s'occupe de reperer les piratins, ils ont des kilos de logs pour films/ziks/progs et jeux.
Ca va etre bien drole prochainement de les voir essayer le racket de masse.
D'un autre coté j'ai pas plus de sympathie pour le blaireau qui stresse et paie sans reflechir.

Honnetement tu mets ton cerveau sur ON 2 secondes en lisant la lettre et tu retournes faire ta petite vie peinard après avoir jété ce spam.

P.S:
J'ai hate de voir la reponse de RDDV...il avait sorti de son chapeau magique la belle phrase "les procès pour piratage c'est TER-MI-NÉ!"
Ouep gros, et les Drm c'est l'avenir.

P.P.S:
Cette lettre ca vaut rien faut arreter.
Meme si tu payes qui te dit que les charges vont etre abandonnées?
C'est pas un procès ou un début d'emmerdes procès et compagnie.
Juste un truc hors-justice,un accord à l'amiable un peu (beaucoup) louche.
Ils ne peuvent pas poser un dossier pour 5000 personnes.
Il en faut 1 par internaute.
Ils ont donc zappé ce "petit" point et sont directement passés par la case brouzoufs.
Ils ont juste demandé les ips (d'ailleurs sans l'accord de la CNIL je crois) et se sont lancés dans le spam.
Y'a pas de perqui de prevu ou quoi que ce soit.
Disons que si tu les envoies chier, ils "peuvent" se lancer dans une vraie procédure.
Tu crois vraiment qu'ils vont le faire...franchement.

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Je peux me tromper mais nul ne peut être jugé une seconde fois pour le même délit.

Je vous demande de ne pas voir dans cette manière d'opérer une mesure coercitive à votre égard, mais les régles inhérentes à ma profession m'obligent à procéder de cette manière.

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Et si on download un jeu pendant une soirée trop arrosée, que l'on se prend le pied dans les cables, que la tour tombe et que le disque dur crash définitif avant la fin du torrent ...
Qu'est ce que l'on risque si on c'est fait repéré?

Inséminateur de femmes ménopauséent

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

C'est vrai que j'aimerais assez savoir quelle est la procédure légale admise pour se faire tamponner de "pirate" par un juge avec amende et sodomie.

13 Dernière modification par thedarkdreamer (11-04-2007 18:53:48)

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Bon, je vois que ce post suscite des questions. Je tacherai de poursuivre mes divagations, en sachant que ce ne sont que des divagations, et qu'elles n'ont pas vocation à être des conseils juridiques individuels. Vous voulez un conseil juridique individuel? Prenez un mange merde d'avocat, ils sont là pour ça.

Et je viens d'ajouter quelques paragraphes au post original , pour traiter l'objection "Attend, leur jeu il était franchement moyen, c'est abusé"

"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Une fois j'ai acheté un jeu pourri mais tellement que j'en ai encore des sequelles. Puis-je demander des reparations ?

« Je suis né d'un con, je mourrai comme un con » El Comandante Rebleauchón

15 Dernière modification par C@ddy50 (11-04-2007 19:24:11)

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Bestaflex a écrit:

C'est vrai que j'aimerais assez savoir quelle est la procédure légale admise pour se faire tamponner de "pirate" par un juge avec amende et sodomie.

La visite d'un agent assermenté (type huissier), qui peut dresser un acte authentique dans lequel il est constaté que oui, tu as bien le cd haxxorisé qu'on te reproche d'avoir téléchargé. Le terme de "preuve irréfragable" dont parle la lettre est juridiquement faux comme thedark l'a trés bien démontré.
Mais ils voulaient peut être parler de "preuve parfaite": quand un acte authentique est dressé par un officier public , il est extrêment dificile de le contester puisqu'il faut entamer une démarche en inscription de faux, et les chances d'avoir gain de cause sont à mon avis infimes, surtout si tu es en tort.

Même ta maman n'en revient pas.

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

« hey non, pas la nintando, c'est au gamin » « sac à merde, c'est combien ? »  les 3  freres

« Je suis né d'un con, je mourrai comme un con » El Comandante Rebleauchón

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Kekouse a écrit:

IANAL (I Am Not A Layer)

Mesdames et messieurs, cet homme N'est PAS un calque !

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

merde la bourde...bon je laisse au moins ca fait marrer hmm

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Tu parles pas bouffe dans ton article , il est vicié, je demande remboursement (j'ai 10 ans pour te faire chier c'est ca? Mais bon ne perdons pas de temps)

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Oui mais je croyais que le propriétaire de la connexion internet et de l'ordinateur était responsable de tout ce qui était téléchargé dessus? Donc si Free a fourni les IP...

PUTEDEPUTEDEPUTE

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

FishBowl a écrit:
Kekouse a écrit:

IANAL (I Am Not A Layer)

Mesdames et messieurs, cet homme N'est PAS un calque !

Par contre il en tient une couche (lololol)

Ne pas comprendre Booba c'est ne rien comprendre au rap. Pire encore quand t'en fais l'image du rappeur bas du front qui ne sait pas ecrire. Et je peux meme pas te dire d'arreter de resrer bloquer dans les 90's, a cette epoque il faisait le crime paie, bordel. - Jakovazor

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

reblochon a écrit:

Une fois j'ai acheté un jeu pourri mais tellement que j'en ai encore des sequelles. Puis-je demander des reparations ?

Tu devrais commencer par envoyer un email a l'editeur du dit "jeux"..

Envoyé depuis mon IPhone.

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

mr_zlu a écrit:
reblochon a écrit:

Une fois j'ai acheté un jeu pourri mais tellement que j'en ai encore des sequelles. Puis-je demander des reparations ?

Tu devrais commencer par envoyer un email a l'editeur du dit "jeux"..

Y'a un modèle de lettre type pas loin.

Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Nous nous ferons un plaisir de nous en servir comme PQ.

I LOVE AYOMI

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Re : Affaire techland: quelques propos légers et irresponsables

Sinon vous pouvez aussi mettre à jour les fichiers d'ip filtrées & de fakes, et ne pas télécharger de la merde.