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reblochon a écrit:

Ca veut dire quoi pancake ?

Le pancake (de l'anglais pan, casserole ou poêle et cake, gâteau) est un plat traditionnel du petit déjeuner en Amérique du Nord. Son origine est très probablement allemande: c'est le Pfannkuchen traditionnel des immigrés allemands qui se sont installés aux États-Unis au XVIIIe et au XIXe siècles. Le pancake est une crêpe proche de la crêpe bretonne mais d'un diamètre plus faible (entre 5 et 10 cm) et surtout plus épaisse. L'épaisseur est obtenue par la consistance de l'appareil mais également par un agent levant comme le bicarbonate de soude ou la levure alimentaire.

Ils se mangent généralement sucrés avec du sirop d'érable, de la confiture du miel ou salé avec du beurre (à faire fondre sur le pancake chaud), des œufs, du bacon.

Aux États-Unis, les pancakes américains sont parfois appelés hotcakes, griddlecakes ou flapjacks, et le pancake est une espèce de crêpe que les Britanniques mangent traditionnellement à Mardi Gras, Pancake Tuesday.

Au Québec, le mot pancake n'est jamais utilisé. Il va de soi qu'une crêpe au petit déjeuner est un pancake, tandis que lors des autres repas il s'agit d'une crêpe bretonne ou similaire.

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Hello les gens!
Me suis amusé (oui, drôle de façon de s'amuser) à traduire un texte, que je trouve fascinant et bouleversant.  C'est peut être un pavé que je vous pond là, la traduction est certainement loin d'être parfaite, et je m’en excuse, mais ce témoignage devrait tous nous emmener à faire une ptite pause et à réfléchir. Réfléchir non seulement à l'expérience passée des allemands, mais aussi sur nous-même.

ILS PENSAIENT ETRE LIBRES : LES ALLEMANDS, 1933-45 de Milton Mayer.

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"La dictature, et le processus entier de son avènement, c'était avant tout de divertir. Cela donnait une bonne raison de ne pas réfléchir à des gens qui, de toute façon, ne voulaient pas réfléchir. Je ne parle pas de « petites gens », je parle de mes collègues et de moi-même, des gens de savoir, voyez-vous. J’appartenais à la casse moyenne supérieure allemande. C'était tout ce qui comptait pour moi. J'étais un universitaire, un spécialiste.  La plupart d’entre nous ne voulions pas penser aux choses fondamentales et nous ne l’avions jamais fait. Il n'y avait pas besoin. Le Nazisme nous apportait des sujets épouvantables sur lesquelles débattre, - nous les gens décents, et il nous a tenus si occupés par des changements continus et des ‘crises’ et si fascinés, oui fascinés, par les machinations des ‘ennemis nationaux’, extérieurs et intérieurs, que nous n'avions pas le temps de penser à cette chose épouvantable qui grandissait, petit à petit, tout autour de nous. Inconsciemment, je suppose, nous étions reconnaissants. Il n'y a que ceux qui ne cherchent rien qui ne rencontre jamais l'obscurité. Pourquoi souffrir en donnant aux choses une attention suprême ? Qui veut réfléchir ! ?

Vivre ce processus, c'est être absolument incapable de s'en apercevoir – je vous prie de me croire – à moins d’avoir un degré de vigilance politique, d’acuité, que la plupart d'entre nous n'avait jamais eu l'occasion de développer. Chaque « petite mesure »  était si insignifiante, si bien expliquée ou, à l’occasion, « regrettée », qu’à moins d’avoir pris ses distances dès le début,  aucun « allemand patriote » ne pouvait  la dénigrer. Ce processus on ne l’a pas vu se développer, de jour en jour.
On ne voyais pas exactement où, et comment agir. Croyez moi c'est vrai. Chaque acte, chaque évènement était pire que le précédent, mais juste un peu plus. Vous attendiez le suivant, puis le suivant. Vous attendiez un grand évènement qui choque, pensant que les autres, vous rejoindraient pour résister d’une façon ou d'une autre. Vous ne vouliez pas agir, ou même parler, seul, vous ne « vouliez pas sortir de votre chemin pour faire des histoires. Pourquoi pas ? Eh bien, parce que vous n'aviez pas l'habitude de le faire. Et ce n'est pas seulement la peur, la peur de se lever seul, qui vous retient, c'est aussi une réelle incertitude.

L'incertitude est un facteur très important, et, au lieu de diminuer alors que le temps passe, elle augmente. Dehors, dans les rues, dans la communauté générale, « tout le monde » est heureux. On n'entend aucune protestation, et on n'en voit pas. Vous savez en France, en Italie ou en Allemagne,  il y aurait eu des slogans contre le gouvernement,  peints sur les murs et les palissades, peut être que…, mais il n'y avait même pas cela.
Dans votre communauté universitaire, dans votre propre communauté, vous parliez en privé avec vos collègues, certains d'entre eux ressentant certainement ce que vous ressentiez ; mais que disaient-ils : « la situation n'est pas si mauvaise » ou « vous vous imaginez des choses » ou « vous êtes un alarmiste ».

Et vous êtes un alarmiste. Vous dite que cela va conduire à ceci, mais vous ne pouvez pas le prouver. Ce sont les débuts, oui ; mais comment en être sûr quand vous ne connaissez pas la fin ? D'un côté vos ennemis, la loi, le régime, le Parti vous intimident. De l'autre, vos collègues vous traitent de pessimiste ou même de névrosé. Il ne vous reste que vos plus proches amis, qui naturellement, ont toujours pensé comme vous.

Mais vos amis sont maintenant moins nombreux. Certains se sont réorientés vers d’autres sujets ou se sont enfouis dans leur travail. Maintenant dans les petits rassemblements avec vos anciens amis, vous avez le sentiment de vous parler à vous-même, d’être isolé de la réalité des choses. Cela affaiblit votre confiance encore un peu plus et  sert de dissuasion supplémentaire. Une confiance pour faire quoi ? Ce donner l’occasion d’agir, cela fait de vous un agitateur, un fauteur de trouble. Alors vous attendez, et vous attendez encore.

Mais le grand évènement qui choque, qui fera que des dizaines, des centaines ou des milliers se joindront à vous n'arrive jamais. C'est toute la difficulté.
Si le dernier et le pire des actes du régime était arrivé juste après le premier et le plus insignifiant, des milliers, oui des millions, auraient été suffisamment choqués pour agir. Si, disons, le gazage des pancakes en 43 était arrivé juste après les autocollants « affaires allemandes » apparus sur les vitrines des boutiques non pancakes en 33, peut-être que…
Mais bien sûr, ça ne se passe pas ainsi. Entre les deux il y a eu les certaines de petites avancées, certaines d'entre elles imperceptibles, chacune d'entre elles vous préparant à ne pas être choqué par la suivante. L’étape C n'est pas si pire que la B, et, si vous ne vous êtes pas opposé à B, pourquoi le faire pour C, Et ainsi de suite jusqu'à D.

Et un jour, trop tard, vos principes, si vous y êtes sensible, vous rattrapent. Le poids de votre propre duplicité est devenu trop lourd, et un incident mineur, dans mon cas mon petit garçon, à peine plus âgé qu'un nourrisson, disant « cochon de pancake », fait tout chavirer, et vous voyez que tout, tout a changé et changé complètement sous votre nez. Le monde dans lequel vous vivez – votre nation, votre peuple – n'est pas du tout le monde dans lequel vous êtes né. Les formes sont toutes là, inchangées, toutes rassurantes, les maisons, les boutiques, les emplois, le temps des repas, les visites, les concerts, le cinéma, les vacances.

Mais l'esprit, que vous avez par erreur identifier aux formes, a changé. Maintenant vous vivez dans un monde de haine et de peur, et les gens qui haïssent et ont peur ne le savent même pas eux-mêmes, quand chacun est transformé, personne ne l'est, finalement.
« Soudain tout cela s'écroule, d'un seul coup. Vous voyez ce que vous êtes, ce que vous avez fait, ou plus précisément, ce que vous n'avez pas fait. (Car c'est tout ce qui nous était demandé à tous : ne rien faire). Vous vous souvenez de vos précédentes rencontres à l'université. Vous vous souvenez de tout maintenant, et votre cœur se serre. Trop tard. Vous être compromis bien au-delà de toute réparation.

Et puis quoi ? Vous devez vous tirer une balle. Certains l'ont fait. Ou ’ajuster’ vos principes. Beaucoup ont essayé, et certains, je suppose, y sont parvenu : moi non. Ou apprendre à vivre le reste de votre vie avec votre honte. Cette dernière option est, dans ces circonstances, la plus proche de l’héroïsme : la honte. Beaucoup d'allemands sont devenus ce pauvre genre de héros, vivants avec leur honte.

Une fois la guerre commencée, toute résistance, protestation, critique ou complainte s’accompagnait d’un risque multiplié de très grande punition. Le simple manque d’enthousiasme, ou le défaut d’en faire preuve en public, c'était du « défaitisme ». Vous supposiez qu'il y avait des listes de ceux dont on s'occuperait « plus tard » après la victoire. Goebbels là-dessus était aussi très malin. Il promettait continuellement une ‘orgie de la victoire’, qui ‘prendrait soin’ de ceux qui pensaient que leur ‘attitude de trahison’ était passée inaperçue. Et il l’entendait ainsi, ce n’était pas juste de la propagande. Et cela suffisait à mettre un terme à toute incertitude.

Une fois la guerre commencée, le gouvernement a pu faire tout ce qui était ‘nécessaire’  pour la gagner; il en a été ainsi avec la ‘solution finale’ au problème pancake, dont parlaient en permanence les Nazis mais qu'ils n‘avaient jamais osé entreprendre jusqu'à ce que la guerre et ses nécessités leur fassent comprendre qu'ils pourraient le faire et s'en tirer à bon compte. Les gens à l'étranger qui pensaient que la guerre contre Hitler aiderait les pancakes avaient tort. Et les gens en Allemagne qui, une fois la guerre commencée, pensaient encore se plaindre, protester ou résister, pariaient sur la défaite de l’Allemagne. C'était un pari à long terme. Peu y ont survécu. "

Extrait des pages 166-73 de “They Thought They Were Free: The Germans, 1933-45 de Milton Mayer, publié par University of Chicago Press. ©1955


Le texte, en VO

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reblochon a écrit:

Alors ce que je disais à Cartouche, c'est que cette loi de la retention n'est pas forcement si demagogue que cela. Comme l'applique sarko, y a des chances, mais sinon dans le fond, ca peut etre un outil efficace pour proteger les citoyens contre des individus malades et dangereux. Et la retroactivité dans ce cas peut etre justifiée pour reparer des erreurs passées qui sont encore aujourd'hui potentiellement dangereuse pour la population puisque libre de circuler comme bon leur semble.

Quand la chancellerie communique à la presse, le jour même des débats au sein du conseil constitutionnel, une pseudo liste de 31 criminels, libérables en 2010, moi j’appel ça de la démagogie.
C’est faire grossièrement pression sur le débat, en faisant appel au diktat démagogique d’une opinion publique instrumentalisée avec la complicité des médias.

Ce qui me glace le sang, perso, c'est la déclaration à l'assemblée de Georges Fenech, rapporteur de cette satanée loi et ancien magistrat, voulant illustrer l’existence de mécanismes analogues chez nos voisins:
"La mesure de 'détention de sûreté' a été introduite dans le Code pénal allemand", disait-il.

Il oubliait de mentionner que ce texte fut adopté le 24 novembre 1933 à l’initiative du chancelier du Reich de l’époque, un certain Adolf Hitler, douze jours après le plébiscite qui confirma à 95% des suffrages sa nomination et vit 92% des votes s’exprimer en faveur de la "liste du Führer" au Reichstag.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la mise en place d’un énième dispositif de lutte contre la récidive, n'est qu'un gadget qui restera pour l’essentiel inapplicable et inappliqué. Ce qui a été introduit au sein de notre droit pénal, c'est ni plus ni moin la possibilité de condamner un individu pour un crime putatif -une infraction simplement potentielle-, remettant en cause certains des droits les plus fondamentaux de l’individu.

Notre société est en train de changer de visage.

Pour le pire