NiarkNiark a écrit:Sinon, difficile de résister à partager ce passage :
le vocabulaire change plus que les propositions. Changent aussi les moyens d’expression, qui font appel aux techniques du temps les plus propices à la propagande. Enfin, on ne connaît l’Histoire que lorsqu’elle est achevée, écrite par les vainqueurs. Mais quand au juste est-elle finie ? En 1848, il eût été impossible de deviner l’importance du Manifeste du parti communiste publié cette année-là ; en 1917, il eût été impossible de prévoir la création d’un empire bolchevique, et tout autant d’anticiper son effondrement en 1990. Pareillement, dira-t- on quelque jour qu’une émeute à Seattle, en novembre 1999, fut le point de départ d’un front du refus qui mit un terme à la mondialisation aux couleurs du libéralisme qui, jusque-là, suivait un cours tranquille ? On ne le sait. Mais cette émeute fut assez inédite et dérangeante pour qu’on l’examine sinon comme une préfiguration des temps futurs, du moins comme un symptôme du temps présent.
Comme les autres auteurs que j'étudie, Sorman vit dans un monde un peu différent du notre : un monde ou les écologistes forment la pensée dominante, ou José Bové est le nouvel Hannibal et ou la contestation alter-mondialiste des années 2000 met en péril le néo-libéralisme.
Faut-il être ignorant du marxisme, de la révolution russe de 1917 pour penser que Seattle en est un quelconque prolongement.
J'en ai aucune idée mais ça me fait penser à une bonne émission de 'la bas si j'y suis' à propos d'une révolte ouvrière le 1er mai 1886 à Chicago qui a fini en massacre.
Quand on parle de libéralisme, on a souvent pointé les USA pour montrer que là bas ça fonctionne (ou fonctionnait), c'est mon impression en tout cas. Et on entend beaucoup moins parler de ce genre d’évènement ou de l'importance de leurs syndicats.
Le pitch:
"Le 4 mai exactement sur Haymarket Square, lors d’une manif dans la longue lutte pour la journée de huit heures, une bombe explose, des policiers sont tués, huit hommes sont arrêtés et accusés de meurtre. Le procureur Julius Grinnel est très clair : "Ces hommes sont choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivaient... Messieurs du jury, condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société". C’est donc avant tout le procès du mouvement ouvrier. Tous sont condamnés, quatre sont pendus en public, un autre se suicide en prison à la dynamite. L’évènement aura un grand retentissement à travers le monde. Après des décennies de révoltes ouvrières la journée de travail de huit heures en France sera votée en avril 1919, sans diminution de salaire... "
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2991