Armestat a écrit:Concernant les athées, ils se posent justement ces questions spirituelles et philosophiques. Mais avec un regard plus rationnel. Si ils ne se l'étaient pas posé, et s'ils ne continuaient pas, ils auraient continué à prier Jesus Christ Dieu Ressuscité tous les soirs, comme papi et mamie, en continuant dans ce qu'on leur a appris étant petit au lieu de se faire une idée personnelle.
Le problème, c'est que ces questions ont vingt-cinq siècles, et qu'aux dernières nouvelles, personne n'y a répondu, ce qui me laisse penser qu'au contraire de l'anticléricalisme (qui n'en est pas forcément inséparable), l'athéisme ne sert à rien, ou plutôt, qu'il n'a pas encore apporté les preuves de ses bienfaits pour la connaissance humaine.
Qu'un scientifique croie en Dieu (Einstein ou Darwin - ah, pardon, il a été agnostique de circonstance avant de retomber dans le christianisme), ou pas, cela n'enlève ni n'ajoute rien à la pertinence de ses travaux, ou à la capacité qu'il a de faire progresser la connaissance humaine. On pourra répondre par l'exemple des créationnistes ou des partisans du dessin intelligent, mais on sait maintenant que ces types ne sont pas des scientifiques, ce sont des charlatans stipendiés par des groupes de pression, on n'a pas besoin de les inviter avec leurs idées dans un tel débat.
Si on peut écarter la science (ou la "rationalité", mais c'est un raccourci qu'il vaut mieux éviter, l'idée de Dieu n'étant pas forcément irrationnelle, même à défaut d'être réelle) d'un débat sur Dieu, c'est parce que l'idée même de Dieu est un cauchemar épistémologique pour la science. Pour prendre un exemple simple, et qui n'est qu'un seul des problèmes qui peuvent se poser quand on convoque Dieu dans le champ scientifique, il y a plusieurs cas de figure possibles qu'il convient d'étudier à la lumière du critère de réfutabilité de Karl Popper :
- soit les preuves de l'existence, ou non, de Dieu sont irréfutables, alors nous ne sommes pas dans le champ de la science ;
- soit les preuves de l'existence, ou non, de Dieu sont réfutables, et alors l'idée de Dieu peut appartenir à la science, mais son existence n'est pas démontrable, car chaque nouvelle preuve réfute la précédente du fait que nous sommes dans le champ de la métaphysique, et pas dans celui de la svt.
Et c'est bien ça le problème de l'athéisme qui la plupart du temps refuse d'admettre qu'il pose des questions métaphysiques, questions auxquelles on n'a toujours pas répondu depuis si longtemps, et auxquelles il n'y aura sans doute jamais de réponse humaine, car pour chaque Traité de l'être de Parménide, il y a un Traité du non-être de Gorgias ; c'est dans la nature de la métaphysique d'être ainsi. L'athéisme n'apporte donc pas plus de réponses que cette phrase d'Héraclite, l'athée, qui est aussi belle que raisonnable, ou irréfutable qu'inaccessible à la vérité : "ce monde-ci, le même pour tous les êtres, aucun des dieux ni des hommes ne l’a fait ; mais il a toujours été, et il est, et il sera un feu toujours vivant, s’allumant avec mesure et s’éteignant avec mesure."