Alors, au risque de te décevoir, et c'est pour cela qu'Ellul a été écarté par Debord (chez qui l'on pourrait assimiler le discours sur la Technique, à celui sur le Spectacle, capitales incluses, c'est effarant), et aussi par une grande part de l'intelligentsia parisienne, il a plus qu'une « vague » espérance chrétienne, car il est authentiquement croyant, tout en critiquant l'Église (en tant que structure ecclésiale) qui a subverti la parole de l'évangile au IIIe siècle. C'est pour cela qu'on le range dans le « camp » de l'anarchisme chrétien — qui n'en est pas vraiment un car c'est un anarchisme individualiste mais sincère.
Il n'a pas eu d'écho non plus, car il a toujours refusé de quitter Bordeaux, ce qui est un suicide éditorial et médiatique dans notre pays jacobin.
Et pourtant, en le découvrant, il y a quelques semaines de cela, j'ai appris qu'il avait impressionné Aldous Huxley qui a traduit l'un de ses essais aux États-Unis (vendu à 100 000 exemplaires !), qu'il est étudié jusqu'en Corée du sud, que Theodore Kaczynski ou José Bové le citent comme référence, et que même le film Koyaanisqatsi* lui est dédié. Nul n'est prophète en son pays comme on dit, et pourtant prophète il l'est, car dès les années 50 ses ouvrages annoncent le XXIe siècle que nous connaissons, ce dont n'ont pas été capables les marxistes.
*que je me jure d'apprendre un jour à écrire sans faire de copier/coller.